Dimanche 26 janvier 2014 à 17:27
Ici comme ailleurs, ça arrive. La tête enflée, les mâchoires soudées. On résiste, on se violente. Mais tu peux crier tout ce que tu veux, personne t'entends. Vas-y, essaie encore. C'est le cerveau humain, ce lâche. Alors, on tourne en rond. On s'enfonce dans la nuit avec rage et on se lève le matin, épuisés. Qu'est-ce que tu veux y faire? Qu'est-ce que tu peux y faire, hein? Avec ton corps là, que tu trimballes, tu crois que tu vas y changer quelque chose? Avec tous tes fils emmêlés, tes noirceurs, tes obsessions et tes cataclysmes. Tu fais pas le poids, tu plieras. Alors c'est ça, on commence en se battant, en se débattant. On s'épuise, on se vide, on s'embourbe. Puis, on abandonne. Ouais, comme ça. Parce qu'après tout, pourquoi pas? Hein, pourquoi pas s'y laisser aller à cette putain de torpeur. Dans les tripes. Elle s'agite, elle est là, elle te le fait savoir. Alors vas-y, te retiens pas va. Personne t'en voudra. Un plus ou un de moins, après tout. Les sursauts de conscience par instants, comme pour freiner l'avalanche. Le résultat reste le même. Tu t'éparpilles, tu te disloques. La carcasse en morceaux. On mélange et on secoue. Tu te dis toujours que tu les as, les tripes? Oui, tu les sens là, elles se tordent. Mais qu'est-ce que tu vas en faire, hein? Les tripes de tout balancer, d'avancer quand même. Ou les tripes d'accepter et de vivre avec? Choisis ton camp. Vas-y. Fais ton choix, mais surtout après, tu la fermes. Sur tout ça là, les miasmes, la crasse et l'obscurité. C'est pas beau, c'est malsain. On veut pas le voir, on veut pas savoir tout ça. Tu la fermes. Le bordel que t'as dans le crâne et les spasmes que t'as dans les tripes. Tu la fermes et tu te disciplines. Ce qu'on voit là, de l'extérieur, pareil. Le maquillage, c'est pas une option. Tes cernes et ton teint blafard. On veut pas voir. Merci. Voilà, alors on continue à se tourner, se retourner, s'agiter pour le trouver. Ce putain de sommeil. Ce déserteur. Qui empêche de se reconnaître dans le miroir le matin. T'as perdu la baston, contre toi-même. Parce qu'il s'est pas pointé ce lâche. Heureusement, t'es pas tout seul. Non, non. T'as du monde pour t'aider. Cafféine, correcteur, tenseur et blush, antidouleur et myorelaxant. Et la torpeur. Ouais, parce qu'elle elle te colle aux basques. Elle se loge dans tes tripes, elle irradie. Les spasmes. Et le bordel, au ralenti. Lâche-moi, je demande que ça. Dormir.