fools-and-kings

Over land and sea...

Vendredi 15 août 2014 à 12:50

Il y avait plein de choses. De mots. Beaucoup.
Tout s'est évaporé. De la fumée. Je n'ai pas réussi à dire la fin. A clore le passage.
Il y en a des mots, écrits. Quelque part, mon carnet, des feuilles, ma mémoire. Ils viendront sûrement se déposer ici. Ou peut-être...
Mais en attendant, j'avance. J'en ai d'autres, ça viendra.
Et je continuerai ici. Sûrement.

Dimanche 26 janvier 2014 à 17:27

Ici comme ailleurs, ça arrive. La tête enflée, les mâchoires soudées. On résiste, on se violente. Mais tu peux crier tout ce que tu veux, personne t'entends. Vas-y, essaie encore. C'est le cerveau humain, ce lâche. Alors, on tourne en rond. On s'enfonce dans la nuit avec rage et on se lève le matin, épuisés. Qu'est-ce que tu veux y faire? Qu'est-ce que tu peux y faire, hein? Avec ton corps là, que tu trimballes, tu crois que tu vas y changer quelque chose? Avec tous tes fils emmêlés, tes noirceurs, tes obsessions et tes cataclysmes. Tu fais pas le poids, tu plieras. Alors c'est ça, on commence en se battant, en se débattant. On s'épuise, on se vide, on s'embourbe. Puis, on abandonne. Ouais, comme ça. Parce qu'après tout, pourquoi pas? Hein, pourquoi pas s'y laisser aller à cette putain de torpeur. Dans les tripes. Elle s'agite, elle est là, elle te le fait savoir. Alors vas-y, te retiens pas va. Personne t'en voudra. Un plus ou un de moins, après tout. Les sursauts de conscience par instants, comme pour freiner l'avalanche. Le résultat reste le même. Tu t'éparpilles, tu te disloques. La carcasse en morceaux. On mélange et on secoue. Tu te dis toujours que tu les as, les tripes? Oui, tu les sens là, elles se tordent. Mais qu'est-ce que tu vas en faire, hein? Les tripes de tout balancer, d'avancer quand même. Ou les tripes d'accepter et de vivre avec? Choisis ton camp. Vas-y. Fais ton choix, mais surtout après, tu la fermes. Sur tout ça là, les miasmes, la crasse et l'obscurité. C'est pas beau, c'est malsain. On veut pas le voir, on veut pas savoir tout ça. Tu la fermes. Le bordel que t'as dans le crâne et les spasmes que t'as dans les tripes. Tu la fermes et tu te disciplines. Ce qu'on voit là, de l'extérieur, pareil. Le maquillage, c'est pas une option. Tes cernes et ton teint blafard. On veut pas voir. Merci. Voilà, alors on continue à se tourner, se retourner, s'agiter pour le trouver. Ce putain de sommeil. Ce déserteur. Qui empêche de se reconnaître dans le miroir le matin. T'as perdu la baston, contre toi-même. Parce qu'il s'est pas pointé ce lâche. Heureusement, t'es pas tout seul. Non, non. T'as du monde pour t'aider. Cafféine, correcteur, tenseur et blush, antidouleur et myorelaxant. Et la torpeur. Ouais, parce qu'elle elle te colle aux basques. Elle se loge dans tes tripes, elle irradie. Les spasmes. Et le bordel, au ralenti. Lâche-moi, je demande que ça. Dormir.

Dimanche 17 novembre 2013 à 23:00

Place à la routine maintenant. Parce que, oui, les anglais en tee-shirt par trois degrés ne t'étonnent plus. Parce que tu regardes du bon côté de la route avant de traverser. Parce que tu ne regardes plus les deux robinets d'eau chaude et d'eau froide d'un air sceptique. Parce que tu ne donnes plus toute ta monnaie à la caissière pour qu'elle choisisse les pièces qu'elle veut. Parce que cinq minutes de soleil suivies de cinq minutes de pluie suivies de cinq minutes de soleil suivies de cinq minutes de pluie suivies de... Bah quoi, c'est pas si extraordinaire! Parce que tu dis Cheers! et Lovely! Parce que tu finis par comprendre la souffrance des anglophones face aux sons français. Non mais c'est vrai que c'est pas facile le "r" français! Parce que oui, quand tu parles anglais toute la journée mais que tu as des restes de mots français qui viennent, tu t'entends ponctuer ta phrase par un "bwef!" des plus significatifs. Et surtout parce que, à l'inverse, quand tu parles français certains mots te viennent, inévitablement, en anglais ce qui te propulse, inévitablement, au statut de pédant aux yeux de tous alors que tu as juste beaucoup de mal à t'exprimer normalement.

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Parce que tu te sens seul au milieu de tout le monde. Parce que tu ne prends plus le temps d'écrire. Parce que tes montagnes te manquent un peu. Parce que les amis, c'est pas facile et c'est pour ça que c'est si bien. Parce qu'il y aura forcément un après et qu'il faut y penser.

Parce que la routine, c'est être à la maison. Et parfois, s'ennuyer.

[ Le calme avant la tempête - 16/09/2013 ]

Jeudi 19 septembre 2013 à 18:58

J'aime les voyages en train. Oui. Ce n'est pas une simple affirmation lâchée dans un instant de sensation de plénitude passagère. Non. Plutôt un constat réfléchi et évident. Présent et infaillible. J'aime les voyages en train.

Malgré le stress de la montée à bord, chargée comme un mulet. Malgré la question, inévitable et oppressante, "où vais-je mettre tout ça?" Surtout, à l'abri des coups, des valises trop lourdes flanquées dessus et des pervers qui cherchent à voir où je range mes culottes... (Doit bien y en avoir, des pervers.) Malgré les gens. Les stressés levés toutes les trois minutes cinquante pour vérifier si les bagages sont toujours là - on sait jamais, de nos jours. Les empereurs du TGV pour qui il est impensable que leur conversation téléphonique, forte et vigoureuse, pourrait gêner la plèbe - et qui ont d'ailleurs une vie tellement passionnante. Ceux qui mange. Du pâté. Odorant, le pâté. Ceux qui ont amené Kiki - le pauvre, il allait pas rester seul sans sa maman, hein le bon chienchien. Ceux qui sont au leuvèle vingt-deux et qui ne peuvent baisser la douce musique de leur péhèspé au risque d'être rétrogradé au quatorze-trop-la-honte. Malgré l'accent anglais, mélodieux et précis, du chef de bord. Malgré les toilettes.

J'aime les voyages en train.

Pour le léger ronflement du dormeur du TER de sept heure quarante-trois. Pour les dernières mises au point avant partiel-de-quatre-heures-trop-la-flemme du TER de neuf heure vingt-cinq. Pour le nom des gares - mention spéciale pour le Nord-Pas-de-Calais et la Picardie. Pour les surprises : on ne s'ennuie jamais avec la SNCF. Pour la vitesse du paysage et la lenteur des nuages par la fenêtre. Pour cette sensation d'entre-deux - pas tout à fait partie et presque arrivée. Pour le bulletin météo, obligé et point par point, après une traversée de la France en TGV. Pour les villages et leur clocher qui dépasse. Pour le flottement du temps. Et de l'esprit. Pour écrire.

J'aime les voyages en train. En plus, ça paye ta retraite, tonton!

From Valence to Canterbury.
Escale à Lille Beach, 44h.

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